Trois kilos de viande hachée de bœuf pour 27 euros, 1,75 litre de Coca Cola sans sucre pour 1,60 euro, une bouteille (deux litres) de jus d’orange Carrefour pour 3,47 euros — mais vendue 3,23 euros l’unité si vous en prenez quatre —, des pâtes tagliatelle Barilla 500 g à 1,65 euro (mais commercialisées 1,53 euro l’unité à partir de trois)… Dans les allées de produits et de palettes empilées jusqu’au plafond, les clients découvrent et comparent les prix du premier magasin Atacadão que le groupe Carrefour ouvre ce matin en France, au centre commercial O’Parinor d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
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Nadia, mère au foyer, fait une razzia sur le sucre : 30 kg d’un coup. « Gâteaux, desserts… on s’en sert tout le temps et cela ne se périme pas, alors j’en prends pour moi, mais aussi pour ma sœur et ma mère. » Il lui en coûtera 1,09 euro le kilo (à partir de 10 kg achetés) plutôt que 1,19 euro si elle n’avait pris qu’un seul paquet.
Célia, mandataire judiciaire, est venue exprès de Sannois, dans le Val-d’Oise, pour découvrir cette nouvelle offre. Elle repart avec des chips Lays, du Coca et des Kinder Country, « vraiment moins chers », reconnaît cette jeune maman de 32 ans, qui souligne néanmoins que « d’autres produits affichent des prix similaires à ce que je trouve ailleurs ».
Muriel, elle, est tout bonnement ravie : elle vient de faire le plein, par lots de trois ou de six, d’huile, de riz, mais aussi de gâteaux. « Pour moi, c’est d’autant plus intéressant que je peux stocker toute cette nourriture dans mon garage », juge cette infirmière à la tête d’une famille nombreuse.
« Un format jamais vu en France »
Sur le papier, la promesse de ce modèle proche de l’entrepôt, qui cartonne au Brésil avec 366 magasins et assure là-bas les deux-tiers du chiffre d’affaires de Carrefour, est alléchante. Ouvert six jours sur sept de 7 à 21 heures et le dimanche matin, à la fois aux particuliers et aux professionnels (commerçants, restaurateurs, hôteliers, etc.), « Atacadão propose d’abord un vaste choix, avec un assortiment permanent de 13 000 références, qui peut monter à 20 000 selon les saisons », résume Noël Prioux, qui a piloté ce projet en étant directement rattaché au PDG du groupe Carrefour, Alexandre Bompard.
Dans les rayons, on retrouve une majorité d’articles alimentaires, mais également du petit électroménager ainsi que des produits saisonniers (articles pour le jardin au printemps, rentrée des classes, jouets de Noël, etc.). Avec une partie vendue sous forme de gros conditionnements : 10 kg, 5 cahiers, etc.
La moitié de l’assortiment est composée de marques nationales, un quart de marques Carrefour, le reste étant des articles dédiés aux professionnels, qui comprendront notamment « des produits thaïlandais, italiens, cambodgiens et autres cuisines du monde », énumère Noël Prioux. « Dans ce format jamais vu en France, 70 % des produits sont français », souligne pour sa part Alexandre Bompard, en faisant la visite.
Ni pub ni prospectus
Mais l’engagement d’Atacadão est surtout celui de prix bas : « Nous serons les moins chers » de notre zone de chalandise, promet le PDG de Carrefour, avec des prix dégressifs selon les quantités achetées. Pour atteindre cet objectif ambitieux, tous les coûts ont été compressés au maximum. Les acheteurs sont de véritables traders, capables de dire « banco » à un deal sans même en référer à leur supérieur, afin d’être plus réactifs. Dans 50 % des cas, l’industriel ne livre pas un entrepôt, mais directement le magasin - ce qui a nécessité de construire de grands espaces de stockage, que ce soit dans le magasin ou les réserves. La présentation sur palettes limite par ailleurs le nombre de manipulations. Enfin, il n’y a ni publicité, ni prospectus. Quant au sol, il a été choisi afin d’être facile à nettoyer.
Autant de spécificités qui expliquent pourquoi l’arrivée d’Atacadão, annoncée dès 2022 par Alexandre Bompard, a pris deux ans. « Aulnay fait figure de laboratoire, nous avons tout dû démarrer de zéro », confirme Noël Prioux. Sans oublier le refus de la municipalité de Sevran, toujours en Seine-Saint-Denis, d’accueillir ce nouveau format chez elle.
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Y aura-t-il à terme d’autres Atacadão en France ? « Nous nous laissons entre six et huit mois pour analyser la courbe d’accélération », estime Noël Prioux, qui confesse néanmoins avoir déjà « listé plusieurs villes, dans lesquelles nous pourrions nous implanter ». Le magasin d’Aulnay-sous-Bois sera géré par le groupe marocain LabelVie, déjà en charge de six hypermarchés Carrefour.
